Il est des gens qui font un distinguo entre la trace et le signe, comme si la trace ne signifiait rien, comme si le signe ne retraçait pas.
Mais quels qu'ils soient, les signes intérieurs sont généralement mal servis par les mots, ces autres signes, peut-être parce que les signes intérieurs sont rattachés à la parcelle d'éternité que contiennent tous les êtres, infime part de nous-même qui se rit de la petite histoire dont la plupart d'entre nous fait son quotidien. Ces signes intérieurs sont de fait les liens fins mais solides qui relient chaque individu avec les forces vives mais occultes de la vraie vie.
Ils sont le temps conjugué, dans l'homme, des Dieux et des démons.
Ici, la peau ne contient plus la totalité des formes, elle dévoile.
Les bois, par érosion sont arrivés sinon à l'essentiel, aux lignes fortes qui les composent. Ce qui procède de l'intérieur est maintenant visible à l'extérieur. Cette « révélation » passe certes par une abstraction mais l'accumulation de connaissance n'élucide en rien, ni n'élude vraiment, les questions primordiales et originelles dont les réponses sont au plus profond de chacun.
Pourtant notre société nous désapprend minutieusement toute attention aux signes intérieurs, peut-être parce qu'une stricte codification leur est impraticable ; quand des signes émanent d'un être, on dit qu'il se dévoile, se livre, fait part de ses états d'âme, on le dit aussi parce que c'est rare, parce que les codes de conduite font la part belle aux apparences, nous sommes précisément baignés dans la civilisation des signes extérieurs : paraître s'est érigé en mode de communication majeur.
Pourtant, l'essentiel aujourd'hui n'est pas différent de l'essentiel d'hier, tout ce qui consacre l'époque est éphémère, il en est ainsi des modes et des moyens, il en a toujours été ainsi . L'Art nous doit d'être émanation messagère sinon « le beau est simple esthétique, et la beauté, seule surface, telle un miroir, nous renvoie notre propre désir de bien », est-ce l'Art ? « La grande douleur humaine, c'est que regarder et se nourrir soient deux choses différentes ».
Ne dépendant d'aucun accessoire, la connaissance n'est pas l'accumulation de quelque savoir mais bien une révélation intérieure à laquelle chacun doit ouvrer avec l'innocence d'un enfant .
Le salut du monde entier, de l'humanité donc ne peut venir que d'une disposition intérieure à chacun des hommes, sans oublier dans cet exercice qu'il faut « se vider de sa fausse divinité, se nier soi-même et renoncer à être en imagination le centre du monde ».
Et percevoir ainsi à l'intérieur, l'éternelle combustion
qui plus qu'un signe est le sens
privé de limites dans la durée.
Christophe Liron
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