SIGNES ANTERIEURS

Signes anterieurs,prince des galapagos

Les premiers signes stables furent probablement minéraux : refroidi après d'infernales fusions, le magma originel organisé par de savantes combinaisons de molécules interactives produisit des compressions de roches qui ourlèrent les pétales de la terre.

Quelques ères plus tard, après force érosion des masses stables par les éléments mouvants, nos très lointains ancêtres ont eu modèle de la gravure dans leur berceau caverne que les eaux enfin disparues avaient savamment creusées. Apparurent alors les notions vertébrales comme il en faut pour une reptation vers la lumière où les fragiles végétaux reconduisent minutieusement leur forme par devant eux-mêmes, produisant branches et feuilles dans un désir calme mais vif d'occuper l'espace.

Le premier graveur savait-il qu'en même temps qu'il produisait son signe, il anticipait prodigieusement la durée de celui-ci ; par cette action érosive concentrée en un point, c'était comme si il mettait en demeure l'univers de le rejoindre dans l'incommensurable érosion de quelque tempête de sable.

Nos ancêtres lointains avaient certainement un langage courant mais les premiers idéogrammes firent sans doute effet de supercommunication, induisant la notion de durée et peut-être celle de Dieu par cette plus-value donnée à la création humaine.

Un temps, l'écriture a flirté étroitement avec la pensée qui avait pour objet les temps forts du vivant ; sa géométrie et sa beauté en faisaient nourriture spirituelle. Idéogrammes, calligrammes, pictogrammes sont eux aussi déjà des signes antérieurs pourtant, cette écriture affirmée par sa seule différence de couleur d'avec son support, collage de matière autre ou ocre couleur mise en avant n'est-elle pas initiale d'une nouvelle dimension qui introduit déjà la possible démesure de l'imaginaire ?

Aujourd'hui la notion d'écriture comme une signalétique éclatée fait que le signe ignore presque son antériorité pour serrer au mieux à sa fonction corrélative aux autres signes qui l'accompagnent. Le signe est soumis au mot, le mot à la phrase, la phrase au texte et le texte a plus vaste contexte. Jamais dans les temps anciens on a, d'histoire d'homme, produit autant de signes mais que et qui servent-ils dans leur immense majorité ?

Signes anterieurs, la Séparation de l'un - Les « choses » de l'esprit, croyez-vous, tant mieux !

Il n'y a peut-être rien à comprendre dans les informations collectées par les terminaux des ordinateurs des grandes banques mondiales. Tous les pays sont endettés mais Dieu n'attend pour rallonger le crédit, qu'un signe . devis.

Les générations du futur régleront la facture.

Christophe Liron



Voir : Tableaux / Sculptures / Photographies